lunes, 4 de julio de 2011

Agustí Centelles: | Jusqu'au 10 juillet à la Base sous-marine de Bordeaux

Comme Robert Capa, il a saisi au plus près la déroute et l'exil des républicains espagnols.


Certains y ont trouvé la mort. Réquisitionnés par Vichy, transférés ensuite aux nazis, trois mille réfugiés espagnols ont été contraints de participer à la construction de l'imposante base sous-marine de Bordeaux, entre 1941 et 1943.
C'est en partie leur histoire que racontent les photographies de l'Espagnol Agusti Centelles (1909-1985) aujourd'hui présentées en ces lieux. Celles de républicains espagnols qui se sont donnés corps et âme pour sauver leur pays du fascisme, avant d'être obligés de prendre le chemin de l'exil. Et l'hommage qu'ils reçoivent est d'autant plus émouvant que ­l'exposition trouve dans ce gigantesque blockhaus une résonance unique, parfois glaçante.
C'est de cinéma dont rêvait Agusti Centelles dans sa jeunesse. Avant d'opter pour la photo. En achetant un Leica dès 1934, il devient le photoreporter le mieux équipé de son pays. L'Espagne est alors une jeune République. Mais Centelles est conscient de la fracture qui la divise. Une fracture symbolisée par deux clichés de files d'attente devant des bureaux de vote. Dans l'une, les ­représentants de l'Espagne conservatrice : un prélat arrogant, un golfeur en herbe, une dame en avance sur la mode franquiste avec son chapeau semblable au calot du Caudillo. Dans l'autre, des ménagères des quartiers populaires venues en masse exercer ce droit de vote enfin accordé aux femmes.
Lorsque Franco lance ses troupes à l'assaut de la République, le 17 juillet 1936, Centelles se range d'emblée du côté des républicains. Comme Robert Capa (1913-1954), auquel il est souvent comparé, il approche lui aussi son appareil au plus près du sujet : les rues de Barcelone tenues par les anarchistes. Les femmes qui s'engagent pour combattre, ce que l'Histoire n'avait encore jamais vu. Les civils, cible privilégiée - une première, là aussi - des franquistes et de leurs acolytes italiens et nazis. Et puis les combats.
Tout aussi terrifiantes sont ses photos du camp de Bram, dans l'Aude, où il est interné après avoir fui son pays. Elles disent l'enfermement, les con­ditions de vie détestables, l'humiliation, la folie qui guette. Heureusement, un photographe de Carcassonne l'extirpe de cet enfer en l'embauchant en 1939. La guerre à peine déclarée, Centelles s'engage dans la résistance. En 1944, lorsque la Gestapo s'apprête à l'arrêter, il choisit de rentrer au pays, laissant à sa logeuse la valise con­tenant tous ses clichés de la guerre d'Espagne. Il lui faudra attendre la mort de Franco pour pouvoir les récupérer deux ans plus tard, en 1977. Dommage qu'on n'ait pas privilégié ces tirages d'époque pour l'exposition. Ils lui auraient donné plus de force encore.
Yasmine Youssi

Telerama n° 3207 - 02 juillet 2011
VOS AVIS
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Montsita - le 5/07/2011 à 07h38
Hommage aux exilés républicains espagnols, qui eurent à lutter contre l'indifférence voire l'exclusion de leurs voisins français, pourtant du Front Populaire, tout comme eux. Qualifiés de "rouges" car seule l'Union soviétique leur donna un coup de main, contrairement à l'aide massive que Franco recevait de la part de Hitler et de Mussolini.



Blum ferma la frontière pendant trois ans. Indifférent au sort des républicains espagnols. La Retirada, cet afflux d'un demi million d'exilés ayant dû tout abandonner, fut dramatique. Ils furent enfermés dans des camps de concentration, beaucoup y laissèrent leur vie. D'autres aidèrent la France à lutter contre le nazisme, sans reconnaissance aucune. Ce n'est qu'aujourd'hui que l'on aborde ce sujet tabou. 

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