Martine Franck en noir et blanc
Martine Franck, au MoMA, le 6 avril 2010. Crédits photo : STAN HONDA/AFP
La photographe, qui fut l'épouse d'Henri Cartier-Bresson, est décédée à la suite d'une maladie, à l'âge de 74 ans.
Membre de l'agence Magnum, elle appartenait depuis 1964 à la coopérative du Théâtre du Soleil. Elle s'était dévouée à son mari, Henri Cartier-Bresson, jusqu'à la mort de ce dernier, en août 2004. Elle s'est éteinte le 15 août, vaincue par la maladie. Elle avait 74 ans.
Elle était d'une radieuse beauté. Une force intransigeante et douce émanait d'elle. Son visage à l'architecture délicate, son regard puissant, aigu et tendre, sa silhouette harmonieuse, sa voix mélodieuse frappaient. La maladie, contre laquelle elle luttait depuis des mois, avait émacié ses traits et rendu presque transparente sa silhouette. Mais avec quelle force d'âme elle aura affronté les épreuves, avec quelle sensibilité elle aura exercé son métier de vivre, la photographie! Avec quelle intelligence elle aura défendu son art et des camarades photographes!
Les gens de théâtre ont eu la chance de la connaître très tôt, car elle fut membre fondatrice du Théâtre du Soleil en 1964 ; elle ne quitta jamais la troupe de légende et la rayonnante Ariane Mnouchkine. Martine Franck a traduit en photographies saisissantes les mises en scène, les spectacles, l'atmosphère de la troupe, la vie quotidienne à la Cartoucherie, les ateliers, les saisons. Elle était aussi excellente dans les paysages que dans les visages.
Dès ses premiers voyages, et notamment lors du grand périple en Asie centrale et en Extrême-Orient, en compagnie d'Ariane Mnouchkine, un voyage initiatique pour l'une comme pour l'autre, elle photographie. Afghanistan, Orient, elles sont en quête de la beauté des autres civilisations, d'un monde unique et chamarré. Chine, Japon, Inde, elle rapporte de superbes images qui ne sont jamais esthétisantes.
Martine Franck aimait le réel. En 1964, elle travaille à Paris pour Time-Life et devient l'assistante d'Eliot Elisofon et de Gjon Mili avant de devenir photographe indépendante. Elle travaille beaucoup pour les grands magazines américains, sans jamais lâcher le fil du Soleil et des moirures de la Cartoucherie. Ses reportages, ses portraits d'artistes, d'écrivains sont publiés dans Life, Fortune, Sports Illustrated, le New York Times, Vogue.
Dans l'esprit de Cartier-Bresson, dans celui d'Ariane Mnouchkine, elle s'engage, elle témoigne. Elle signe des reportages en soutien à des causes humanitaires, collabore avec Les Petits Frères des pauvres à partir de 1985.
Des expositions lui sont consacrées, des livres. En 1995, elle signe avec Robert Delpire, géant de la photographie lui aussi, un film consacré à Mnouchkine et au Théâtre du Soleil et, avec Fabienne Trouvé, pour France 3, un film sur l'île de Thoraigh, en Irlande.
Lors de la dernière exposition de Martine Franck, à la galerie Claude Bernard, au printemps dernier, on pouvait voir une des photographies de Thoraigh Island, oiseaux de mer et hautes roches rangées comme des livres. Elle avait le sens de l'espace, du cadrage exact. Voyez cette allée de l'Observatoire de Meudon sous la neige, d'un graphisme pur, qui tire vers le Japon, l'abstraction. Voyez ses portraits: Balthus au chat, Diego Giacometti dans son atelier. Elle aimait les êtres.
Elle reposera près de Cartier-Bresson, à Montjustin, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Elle était d'une radieuse beauté. Une force intransigeante et douce émanait d'elle. Son visage à l'architecture délicate, son regard puissant, aigu et tendre, sa silhouette harmonieuse, sa voix mélodieuse frappaient. La maladie, contre laquelle elle luttait depuis des mois, avait émacié ses traits et rendu presque transparente sa silhouette. Mais avec quelle force d'âme elle aura affronté les épreuves, avec quelle sensibilité elle aura exercé son métier de vivre, la photographie! Avec quelle intelligence elle aura défendu son art et des camarades photographes!
Les gens de théâtre ont eu la chance de la connaître très tôt, car elle fut membre fondatrice du Théâtre du Soleil en 1964 ; elle ne quitta jamais la troupe de légende et la rayonnante Ariane Mnouchkine. Martine Franck a traduit en photographies saisissantes les mises en scène, les spectacles, l'atmosphère de la troupe, la vie quotidienne à la Cartoucherie, les ateliers, les saisons. Elle était aussi excellente dans les paysages que dans les visages.
Horizons lointains
Née à Anvers le 2 avril 1938, elle avait été habituée dès l'enfance aux horizons lointains. Elle suit ses parents aux États-Unis, en Grande-Bretagne. Mais c'est à Madrid qu'elle étudie l'histoire de l'art avant de venir à Paris et d'être élève à l'École du Louvre. Cette culture classique, sa passion pour la peinture, son goût profond de la littérature éclairent toute son œuvre de photographe.Dès ses premiers voyages, et notamment lors du grand périple en Asie centrale et en Extrême-Orient, en compagnie d'Ariane Mnouchkine, un voyage initiatique pour l'une comme pour l'autre, elle photographie. Afghanistan, Orient, elles sont en quête de la beauté des autres civilisations, d'un monde unique et chamarré. Chine, Japon, Inde, elle rapporte de superbes images qui ne sont jamais esthétisantes.
Martine Franck aimait le réel. En 1964, elle travaille à Paris pour Time-Life et devient l'assistante d'Eliot Elisofon et de Gjon Mili avant de devenir photographe indépendante. Elle travaille beaucoup pour les grands magazines américains, sans jamais lâcher le fil du Soleil et des moirures de la Cartoucherie. Ses reportages, ses portraits d'artistes, d'écrivains sont publiés dans Life, Fortune, Sports Illustrated, le New York Times, Vogue.
Le cadrage exact
C'est à Paris qu'elle revient toujours, dans l'ombre d'Henri Cartier-Bresson, de trente ans son aîné. Mais elle ne cesse de travailler et de donner une densité particulière à son univers. Elle intègre l'agence Vu, de Pierre de Feyno, en 1970, est l'un des cofondateurs de l'agence Viva en 1972, est associée de Magnum en 1980, en devient membre dès 1983.Dans l'esprit de Cartier-Bresson, dans celui d'Ariane Mnouchkine, elle s'engage, elle témoigne. Elle signe des reportages en soutien à des causes humanitaires, collabore avec Les Petits Frères des pauvres à partir de 1985.
Des expositions lui sont consacrées, des livres. En 1995, elle signe avec Robert Delpire, géant de la photographie lui aussi, un film consacré à Mnouchkine et au Théâtre du Soleil et, avec Fabienne Trouvé, pour France 3, un film sur l'île de Thoraigh, en Irlande.
Lors de la dernière exposition de Martine Franck, à la galerie Claude Bernard, au printemps dernier, on pouvait voir une des photographies de Thoraigh Island, oiseaux de mer et hautes roches rangées comme des livres. Elle avait le sens de l'espace, du cadrage exact. Voyez cette allée de l'Observatoire de Meudon sous la neige, d'un graphisme pur, qui tire vers le Japon, l'abstraction. Voyez ses portraits: Balthus au chat, Diego Giacometti dans son atelier. Elle aimait les êtres.
Elle reposera près de Cartier-Bresson, à Montjustin, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
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